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Récit du Grand Raid 99      translate in english         Merci de me laisser vos impressions sur votre visite !
la suite de ce récit ...

le départ

Foc Foc

Mare à boue

Montée vers Kervéguen

Descente sur Cilaos

Break à Cilaos

De Cilaos à Marla

Le Grand Raid 2002 :
rendez-vous le 18 octobre sur le site de Langevin
Le Grand Raid 2002

de nombreuses photos ramenées 
d'un séjour au Sri Lanka
   	Hotel Lanka Oberoi à Colombo
Voyage au Sri Lanka

de nombreuses photos ramenées 
d'un séjour à l'île Maurice
   	nénuphars géants au parc de Pamplemousses
Voyage à l'île Maurice


 


ce récit est issu d'un texte que j'ai récupéré sur Internet, il y a quelques mois, et je n'ai malheureusement pas gardé les coordonnées de l'auteur de ce récit, ni l'adresse de son site : merci à celui (celle) qui, en lisant ce récit très détaillé (que j'ai reproduit textuellement sans en changer la moindre virgule), pourra me mettre en contact avec ce concurrent : je m'empresserai alors de le joindre pour le féliciter et le remercier et ... lui demander son autorisation pour conserver ce texte  sur ce site ...

Avant le Départ

Nous avions prévu de partir avec l'autobus affrété par l'organisation, depuis Saint Denis.
Mais cela avait quelques conséquences désagréables :

  • On ne pouvait pas s'offrir un petit sommeil avant le départ

  • Il fallait descendre dés 23h de notre logis dans la banlieue de St Denis (les Camélias) pour être au départ du car fixé à 23h45 au Barachois, gare routière.

  • On arrivait à Langevin à 2h du matin, et il restait 2 h à poireauter sur le stade avant le départ fixé à 4h

Nous avons préféré voyager tranquillement le JEUDI matin, pour aller dans la famille à St LEU, faire deux bons repas copieux et manger très tôt le soir, piquer un bon sommeil de 19H à 1H ( ou simplement somnoler), se faire emmener en voiture pour une arrivée sur le stade vers 3H du matin.
Nota : A 2 h du matin, plus aucun souci de bouchons, ça roule cool !
On se gare donc à au moins 500 m du Stade, sur la route nationale, face à la " balance à cannes ".
Il suffit de suivre la foule pour aboutir au stade de LANGEVIN, tout proche de la mer ...
Après les formalités d'enregistrement (et contrôle sérieux des choses obligatoires, avec marquage, et OUI ! ), passage aux boissons chaudes, genre café ou chocolat ( n'ayant pas vu de croissants ni de brioche, je ne peux pas appeler cela, en bon français, un Petit Déjeuner ! )
Puis passage aux toilettes pour libérer quelques grammes superflus ( on n'est pas les seuls, ça bouchonne un peu). Ce lieu étant proche de la ligne de départ, pas mal de gens ( donc nous aussi ), en profitons pour se faire une photo inoubliable " NOUS LES CHAMPIONS A VOS MARQUES, PRÊTS, PARTEZ ! "
Remplissage des gourdes ( l'eau est l'élément le plus précieux du raider), dernière vérification du sac et de la lampe, tout est O.K.
Comme beaucoup d'autres gars, on s'étend sur la pelouse du stade, les yeux dans les étoiles, car il fait doux, le temps est serein, et l'on écoute ou regarde le groupe musical qui tambourine à qui mieux mieux ses ségas et maloyas.
Enfin, l'heure fatidique s'approche, des gens se lèvent et commencent à s'agglutiner prés de la ligne de départ. Le stade ressemble maintenant à un immense entonnoir.
Comme nos ambitions sont modestes, nous restons bien sagement dans les dernières lignes, ou l'on respire encore un peu, sans être pressuré comme des sardines en boîte !

le départ

PAN LE DÉPART ! Nous ne verrons jamais les centaines de premiers qui se précipitent à toute allure dans le goulot de l'entonnoir du départ, puis ensuite dans la rue de 5 à 8 m de large.
Je croyais qu'il aurait fallu des dizaines de minutes pour écouler les 1800 participants ( + ceux du MINI-RAID qui sont avec un maillot bleu), et que l'on se marcherait sur les pieds assez longtemps.
Mais non, la foule des coureurs s'écoule très vite, notre rangée s'ébranle une ou deux minutes après, nous défilons entre les haies de supporters.
Chacun emboîte le pas de l'ombre qui le précède. Nous marchons à très vive allure, peut être à 6 kms/heure.
Le chemin quitte la ville, serpente à travers les champs de cannes, et monte en pente très douce. Il fait encore nuit, mais l'aurore pointe son nez ; inutile d'allumer sa lampe en permanence, la lampe du voisin suffit à baliser la route (NDLR : mais si tout le monde se dit la même chose ?).
Certains, assez nombreux au final, se découvrent un gros ou petit besoin, nous doublons des ombres qui s'égayent à droite ou à gauche et arrosent un pied de canne.
D'autres se sentent des ailes et nous doublent au trot.
2h plus tard, nous voici, dans le peloton de queue, à l'école PAYET vers 648m d'altitude. L'eau coule à profusion, pas de problèmes pour faire le plein de carburant. Il reste quelques barres de céréales à grignoter, mais la masse des premiers a déjà raflé le meilleur.
Ceci sera d'ailleurs une constatation générale ; ou bien l'organisation n'a pas prévu en quantité suffisante, ou bien les premiers dévalisent complètement les stands dans TOUS les postes de ravitaillement ; mais je constate que quasiment partout, lorsqu'on est dans le dernier quart du peloton, il n'y a plus que des raisins secs ( mélange type apéritif avec des rondelles de bananes sèches ) à se mettre sous la dent ; mais des Mars, ou Nuts ou autres, je n'en ai jamais vu.
Jusque là, nous avons fait équipe avec mon fils. Mais il prend son envol, et il prendra progressivement une avance de plus en plus importante sur moi.

Montée vers Foc Foc     

Le chemin démarre sec en montée, puis la pente devient plus tranquille. Aucune vue grandiose, le chemin est enchâssé entre des rangées serrées de goyaviers pendant plusieurs kilomètres; aucun fruit en cette saison, mais si nous étions au mois de juin, quel régal ce serait ! On commence à croiser des gens assis au bord du sentier, ceux qui ont démarré trop vite et qui ont un coup de pompe. D'autres vous doublent, en particulier les rapides du Mini Raid
Je me surprends à ne pas être fatigué, alors que l'altitude augmente, 1500 m, puis 2000 m, le paysage change, les fameuses " branles des hauts " de moins en moins hautes nous entourent.
Surveiller sa consommation d'eau, pour ne pas épuiser sa réserve trop vite.
J'avais été prévenu par une personne rencontrée à la Roche Écrite, trois jour auparavant, que cette étape de 12 kms et 1600 m de montée, sans ravitaillement, était pénible pour la boisson ; aussi, en plus de ma gourde de 1 litre, avais-je en supplément une bouteille plastique de ½ litre.
Le soleil commence à taper fort.
Enfin me voici vers 10h30 à FOC-FOC, poste n° 3 de la feuille de Route : 6h30 de marche pour 20 KM et 2200 M de montée.
Même rengaine pour la nourriture, heureusement que j'ai mon petit stock personnel de barres de céréales, fruits secs et pâtes de fruits dans mon sac à dos, pour varier l'ordinaire de l'organisation.
Mais gros problème : PLUS d'eau à FOC-FOC; on attend le 4x4 ! Certains attendent depuis plus de 15 minutes ; moi je n'aurais que 10 mn d'attente.
J'en profite pour aller m'allonger à l'écart, en essayant de mettre ma tête dégarnie ( et oui, vous l'ai- je dit ? j'ai un certain âge, et à plus de 50 ans, le crâne vieux ressemble à un œuf tout neuf ) à l'ombre ; j'aime mes aises et je mets aussi mes petits petons à l'air, que c'est agréable de décontracter ses pieds en les faisant sécher au soleil, avec la tête à l'ombre sous un arbuste !
Voilà le 4x4 qui arrive, 50 personnes se précipitent pour obtenir un verre d'eau, puis pour remplir son récipient.
Après quelques minutes de queue, me voilà reparti, dans la chaleur torride du bord du Volcan
Vers 12H, voilà enfin l'immense camp d'accueil du Volcan, avec contrôle informatique, des tas de voitures, les supporters (ou assistance supplémentaire pour les grosses têtes).
Par chance, les masseurs ne sont plus débordés, et j'en trouve un libre qui va me masser gentiment le mollet gauche, ou je ressentais une légère contraction.
Je ne resterais là qu'une grosse demi-heure, le coin n'a rien pour retenir le paresseux qui sommeille en nous.
Ici l'eau se prend au " tonneau ", à savoir au cul d'un gros camion citerne de pompiers. Comme elle coule facilement, certains la gaspille pour s'arroser la tête, les bras ou jambes.

De la plaine des Sables à Mare à boue     

Départ en plein soleil de midi, pour une nouvelle étape à travers la Plaine des Sables ; beaucoup ont du courir sur ces 2 ou 3 kms pratiquement plats et sableux. Moi, je marche J'ai appris, par une conversation avec un autre randonneur (à la fin du raid), qu'un de ses copains, très sportif, qui était parti pour faire le raid en 25H, s'était cassé la figure ici même, en courant il s'est fait bêtement un croche pattes, est tombé, s'est blessé le genou, et il a abandonné vers le Piton TEXTOR avec un genou enflé gros comme " ça " !
Dans cette longue ligne droite, on essaie de fixer au loin ceux qui montent dans le rempart, et on regarde de temps en temps en arrière pour voir les quelques derniers qui vous suivent.
J'atteint le point culminant du raid, l'Oratoire Sainte-THERESE ( 2411m) vers 13H
Comme tous les après midi, le ciel se couvre progressivement ; il fait déjà gris complètement au Piton Textor ; la brume monte à toute vitesse de la faille de la rivière Langevin. C'est un spectacle saisissant, même pour moi qui suis habitué à cette vision.
Ensuite, c'est la descente cool par un large sentier qui traverse les pâturages de la Plaine des cafres ; il y a de nombreux passages d'échelles à chaque franchissement d'une clôture. J'avais pris la suite d'un groupe dont le rythme me convenait, mais je m'en suis éloigné, d'une part à cause de la poussière du chemin ( c'est marrant quant je l'ai fait il y a 10 ans en sens inverse avec ma femme, c'était tout boueux ! ), et parce que ces échelles génèrent des mini bouchons, inutile de s'agglutiner à plusieurs au pied de ces échelles.
Le chemin de terre devient ensuite, comme c'est hélas souvent le cas dans nos plaines de Picardie, un chemin d'exploitation agricole goudronné, sur plus de 4 kms, ce que je n'apprécie pas du tout. Je déteste marcher sur du goudron avec mes chaussures de randonnée ( des SALOMON X-trick montantes, pas de PUB SVP ) ; ce goudron continue jusqu'au point de contrôle de MARE A BOUE.
A cette heure-ci, très peu de spectateurs le long de la route nationale, ils sont tous repartis, les champions sont passés il y a bien longtemps. D'ailleurs, dans ma petite tête, je calcule que ceux-là sont probablement en haut de la ROCHE ÉCRITE, c'est y pas incroyable ?

Donc, il est plus de 16h quand j'arrive au camp de MARE-A-BOUE, et me voici parvenu au 1/3 du parcours (en distance)
Bien qu'il soit 16H, vous ne le croirez pas, une spectacle gargantuesque s'offre à moi : je me découvre une bonne petite fringale, attisée par la vision de deux magnifiques barbecues où rôtissent de belles cuisses de poulet.
C'est le seul endroit ou je mangerais un vrai et bon repas, appétissant, avec riz et viande bien chauds, avec DEUX superbes cuisses de poulet bien rôties !.
Et comme la quinzaine de randonneurs paisibles et attardés comme moi dans ce lieu, nous mangeons étendus dans l'herbe verdoyante de la prairie, rêvant au delà des nuages gris, aux plages qui nous attendent la semaine prochaine.

Montée vers Kervéguen     

      Ce repas complet achevé, plus ces quelques minutes de repos allongé dans l'herbe, puis le pointage à la sortie, me voilà reparti sur un chemin agréable en montée douce.
Compte tenu de l'heure, et de la crainte de me trouver seul dans le Coteau Maigre, je me rapproche d'une première randonneuse, avec laquelle je ne ferais route commune qu'une petite heure, car après un départ sur un rythme soutenu, elle ralentit fortement, alors que je conserve une cadence correcte.
La nuit tombe de manière brutale à la RÉUNION, il n'y a pas un long crépuscule comme en France : dés la disparition du soleil derrière l'océan, la luminosité baisse, à partir de 18H15. puis brusquement de 18H30 à 18h45, il fait très sombre, puis nuit noire (aucune étoile ce jour là, le ciel était couvert).
Donc, un peu avant le Coteau Maigre, je me lie d'amitié avec une autre randonneuse croisée sur le bord du chemin, plus un peu plus loin avec un gars. Cette dame, qui devrait avoir le dossard n° 441 et s'appeler Marianne SALLIER (si mes souvenirs sont exacts, car j'ai reconstitué cela après coup d'après divers indices, comme un bon flic ) se reconnaîtra si j'ai la chance qu'elle consulte Internet ; il s'agit d'une parisienne, venu avec son mari (prof de gym je crois) et quelques amis faire le raid.
Le raid est l'occasion de rencontres de hasard, utiles pour meubler la solitude et surtout pour s'entre-aider et s'épauler dans la difficulté, les passages délicats, les moments de faiblesse.

Donc, à trois, nous avons passé la première véritable difficulté : le COTEAU MAIGRE, par la cause de plusieurs éléments : il fait nuit noire et nous marchons à la lampe ; il tombe une pluie fine qui nous oblige à sortir le Kway ( et surtout, pour moi qui suis myope, qui mouille mes lunettes et me brouille la vue), le sentier se couvre de pierres et de racines enchevêtrées ( donc humides, donc glissantes ! ), il joue pas mal les montagnes russes, et enfin il y a les fameuses " ECHELLES " ( je ne me souviens plus combien, entre 5 et 10 je présume). La plupart étant en descendant, et descendre un échelle dans la nuit, c'est bigrement plus enquiquinant que d'en monter de jour. Nous débouchons enfin sur le plateau, et quelques minutes plus tard, nous voici enfin, avec un grand soupir de satisfaction, au campement du COTEAU KERVEGUEN.
Il est 20h, l'accueil y est chaleureux, et chaud, un joli feu de bois nous permet de reprendre vie et de rêver quelques minutes avec une tasse de liquide chaud en main ( chocolat ou soupe ? ) . J'ai découvert que la soupe, genre ROYCO aux vermicelles, était le plat le plus souvent disponible dans le raid, et le plus aisé à ingurgiter, tout en étant bien reconstituant ( mais bien sûr, la n-iéme fois, cela deviendra lassant et on aimerait d'autres variétés et d'autres saveurs de soupe bouillante)
A quelques mètres, sous une bâche de fortune, six randonneurs sont étendus sur des lits de camp, sous une couverture, et semblent dormir. Cela m'étonne. Je crois comprendre qu'il s'agit de gens épuisés, ou ayant un problème musculaire.
Un crachin humide continue de tomber, et dés qu'on s'écarte du feu, un petit frisson vous prend.

Descente sur Cilaos   

      Inutile de traîner et de trop se refroidir ici. Je fais un signe à mon acolyte du moment, la n°441 ; elle est O.K. et nous repartons avec un couple qui nous rejoint juste au départ de la descente du rempart.
800 mètres de descente abrupte que nous ferons en 2H 20, de nuit bien sûr, et toujours avec un crachin qui tombe par saccades. Nous sommes très prudents, vu les pierres et rochers, les échelles, et le vide abrupt que l'on devine à chaque pas.
A un moment, Marianne passe le pied dans un trou juste avant une échelle, et c'est chance qu'elle s'en tire sans ennuis, car elle aurait pu se casser la jambe, ou avoir des contusions.
Vers le milieu du rempart, quelle n'est pas notre surprise de croiser 4 personnes qui montent le sentier ! Quelques paroles échangées, il s'agit de sauveteurs qui montent avec une civière sous le bras, pour récupérer un randonneur qui se serait blessé plus haut. Comme nous n'avons vu personne en travers du chemin, nous pensons qu'il s'agit d'un marcheur parti après nous. Mais le plus extraordinaire est d'apprendre qu'ils vont descendre le blessé en bas, et non pas le remonter, et d'imaginer la prouesse que cela représente, compte tenu de la nature du chemin, des risques de chute, de la pente, des échelles à passer, et de la nuit !
Cela nous fait redoubler de prudence, car on n'aimerait surtout pas resté coincé dans cette falaise !
Il est plus de 22H30 quand nous atteignons la MARE A JOSEPH. Nous nous séparons du couple ( qui semble vouloir traîner quelques instants dans ce poste installé en bordure de forêt), et entamons immédiatement la route goudronnée qui serpente à travers la forêt jusqu'à CILAOS. Le temps est redevenu clément, il fait frais sans plus. Nous croisons quelques voitures à cette heure tardive. Il serait toujours possible de tricher, faire du Stop ? mais la tentation ne nous frôle même pas !
Nous retrouvons d'autres randonneurs à l'entrée de la ville, et les suivons pour ne pas risquer de nous perdre dans les derniers lacets et les rues. Surprise, une jeune randonneuse avec laquelle j'avais échangé quelques mots je ne sais plus ou, remonte la rue avec son paquetage ; la surprise passée, nous comprenons qu'elle va loger douillettement à l' Hôtel des Thermes ! ( nota : à moins qu'elle n'ait abandonné, cela va faire cher de l'heure de sommeil !)
Trois cent mètres plus loin, nous abordons le camp central, tout illuminé, qui s'est installé dans une grande école ( ou collège ? )

Break à Cilaos   

     Un plan de l'école de Cilaos, placé à l'entrée des lieux, aurait été fort utile, car à cette heure tardive (il est MINUIT), il faut questionner plusieurs personnes, pour découvrir où sont : les sacs personnels, les W-C, les dortoirs, les douches, le restaurant, etc.
De mon point de vue ( nous sommes parmi les derniers arrivants ), CILAOS est le pire " POSTE " du raid :il est très étendu, éclaté, et donc impersonnel
Ce que l'on me sert au restaurant est insipide, la cuisse de poulet est blême, elle est presque froide ainsi que le riz.
L' HORREUR des Douches et des toilettes : tout est envahi d'eau, il y a une immense flaque de plus de 50 m2 sur 2 à 3 cms d'épaisseur. Qui plus est ce marécage déborde jusque dans le dortoir d'à coté, qui est celui des filles; je les plains, ces personnes du sexe opposé ! Impossible d'aboutir aux douches ou WC sans se mouiller les pieds. Je tente une excursion jusqu'aux douches communes, la flaque noie les pieds des bancs ; il faut déposer ses habits ( les sales et les nouveaux propres ) là dessus, avec le risque que ça glisse à terre, et donc que tout soit entièrement trempé ! je vais tâter la douche ; ni eau chaude, ni tiède, tout est froid, et à minuit, tout semble glacial. J'abandonne l'idée de me doucher, et j'admire les 2 téméraires qui venaient juste de sortir de la douche ! (ce sont probablement les derniers à oser ! )
Les 5 toilettes sont bouchées de façon inimaginable ! Certaines cuvettes remplies avec toute sorte de papier, jusqu'au ¾ ! Ah, je plains les personnes qui devront nettoyer demain tout ce merdier et rendre les locaux propres au directeur de l'école ! Comment peut-il y avoir des raiders aussi nombreux et dégueulasses pour mettre les lieux dans cet état !?
A ce propos, je suis également scandalisé par le nombre de raiders qui égrènent au long du sentier leurs détritus : principalement bouteilles plastiques, et tous les papiers d'emballage de nourriture. Or, cela ne leur coûterait rien de conserver les quelques grammes de ces déchets dans le sac ou la poche, et les déposer au prochain poste de contrôle ! Cette malpropreté trop fréquente me rend malade, le raider ne semble hélas pas imprégné autant que le randonneur classique, du respect absolu de la nature. Celui qui regarde trop son chronomètre ne semble pas savoir admirer la beauté de la nature, car sinon, il éviterait de la souiller.
Compte tenu de ma fatigue, je voulais me faire masser, mais tous les masseurs étaient occupés et il y avait une file d'attente trop longue à mon goût.
Malgré des témoignages très " noirs " sur les dortoirs, je décide de tenter de me reposer une ou deux heures, et j'entre, au hasard, avec le maximum de discrétion, dans l'un des 4 dortoirs, le N°3.. Il y a une lumière diffuse qui permet de découvrir les lieux : un immense dortoir, avec au moins 50 lits. Je découvre du regard au plus 2 ou 3 lits vides, dont certains dans un état guère utilisable ( très déglingués si vous voulez) . Par chance, il y en a un qui me convient. Je m'y étend, sans utiliser la couverture car j'estime qu'il fait assez chaud là dedans ! Contrairement aux racontars, c'est assez silencieux, il n'y a pas de braillards, de causeurs, seulement un petit ronfleur ( 2 sur 8 à l'échelle Richter).
Je ne resterai là que 1h1/2, sans vraiment dormir, car les jambes me démangent, et le lit de camp n'est pas très confortable ( c'est toujours creux ces trucs là ). Et mon rythme de marche m'interdit de m'attarder ici, si je veux avoir une petite chance d'arriver dans les délais, il me faut reprendre le mors tant que j'en suis capable.
Je ressort donc, rassemble mes affaires, me rhabille, et vais déposer mon sac intermédiaire ( qui était commun avec mon fils Matthieu ) sur le tas de sortie.
Je constate que les masseurs sont maintenant libres, moins de la moitié ont un " client ", les autres chantent des chansons paillardes à tu-tête.
Je m'empresse de me pointer sous leur tente, je demande poliment à être soigné, et ENFIN VOILÀ LE MOMENT LE PLUS DÉLICIEUX , qui fait oublier tous les points noirs de CILAOS.
Une assez jeune et mignonne " métisse ", avec une belle natte noire, me prend en mains : pendant plus d'une demi-heure, elle va masser avec une infinie patience, d'abord mon mollet droit, puis mon gauche, puis mes cuisses.
Je croyais qu'on nous avait obligé à emporter de la pommade ( genre ALGIPAN ) justement pour être consommée ici ; mais non, ça ne sert à rien, les masseurs n'utilisent que de l'HUILE qu'ils ont avec eux.
Et pendant qu'elle masse, elle cause, elle cause, …. ; j'apprends que la plupart des masseurs, comme elle, ne sont pas des masseurs professionnels ; mais, soit des professions paramédicales ( je crois qu'elle m'a dit qu'elle était infirmière ), soit des élèves ou stagiaires kiné, etc …Et l'an passé elle avait fait le Grand Raid, et avait terminé honorablement.
Comme dit le proverbe, les meilleurs moments ont toujours une fin !

De Cilaos à Marla   

     Il est environ 2h30 quand je pointe à la porte de sortie, et surprise, ma co-équipière sort de son dortoir 10 mètres derrière, sans qu'on se soit concerté !
Et donc, nous voilà repartis ensemble pour une nouvelle partie de l'épreuve.
Est-ce la fatigue, ou la nuit, mais les 500 premiers mètres à travers CILAOS me semblent très mal balisés, et je crois me perdre à chaque tournant. Heureusement, un groupe de 3 randonneurs que nous suivons de prés sont plus sûrs d'eux mêmes, et au final nous voici sur une route très en contrebas, alors que je la croyais plus en hauteur !
Un ou deux kms plus loin, on abandonne cette route goudronnée, sous une banderole ( il semble y avoir plus loin sous un arbre un " contrôleur " qui surveille les resquilleurs), on plonge à gauche dans la pente qui me semble interminable vers le BASSIN FOUQUET.
Ici, un mini-camp avec contrôle de passage, sur les roches plates qui bordent la rivière qu'on traverse à gué. Les 2 bénévoles qui sont là sont probablement les plus courageux, car c'est le camp le plus inaccessible, et tout a dû être descendu à dos d'homme.(NDLR : celui de Kervéguen est pas mal, non plus).
Deux ou trois minutes pour se masser les pieds, puis voilà la remontée sur la pente opposée, pour rejoindre l'autre point de contrôle établi directement sur la route menant à Ilet à Cordes. Nous mangeons là encore une soupe aux vermicelles, encore une ! Nous passons quelques instants prés du brasero qui rougeoie au bord de la route. Ici aussi, une petite tente abrite quelques raiders en proie à l 'épuisement. Ma collègue qui commence à être fatiguée, s'attarde un peu trop et je dois la forcer à repartir.
Nous entamons maintenant la montée du Col du TAÏBIT, qui à posteriori m'apparaît comme la plus éprouvante : il y a 1060 M à monter, raide, depuis la rivière.
Nous mettrons environ 3 H, avec plusieurs mini arrêts, l'aube commence à pointer, la pénombre s'éclaircie et très vite la lampe peut être économisée.
Ma collègue marche de plus en plus lentement ( ce qui ne l'empêche pas de causer ! AH les femmes ) : à ce rythme, me dis-je en mon fort intérieur, nous n'arriverons jamais à temps à Grand Ilet, pour entamer la fameuse montée de la ROCHE ECRITE avant la tombée de la nuit ! ( et cette montée est ma hantise ! ). Aussi, aux deux tiers de la montée, je décide de l'abandonner ( au moins provisoirement ) et lui dit hypocritement que je prends de l'avance pour pouvoir me reposer plus longuement à MARLA, ou nous pourrons nous retrouver.
Le soleil lèche déjà Cilaos quand je franchis le col ; je n'y reste que quelques secondes pour contempler le panorama, car il y fait frisquet à cette heure matinale, et une sale vent y souffle. De l'autre coté, la vue sur MARLA est magnifique, mais le chemin est un affreux ramassis de pierrailles, très éprouvant pour les pieds. Moins d'une heure plus tard, l'arrivée dans le joli coin de MARLA est un soulagement. Toujours la même nourriture, inutile de vous en rappeler la composition, hélas ; vite ingurgitée. J 'ai un petit doute, je crois me souvenir que j'y ai trouvé là ENFIN mon premier ROUGAIL SAUCISSE ; oui, je suis presque sur de ça, il était d'ailleurs assez bon ; mais quoi, un rougail en guise de Petit Déjeuner, à 7H30 du matin, faut être FOU, non ? et bien sachez que je n'étais pas le seul hélas, car quand j'ai eu envie de prendre du rab, il n'y en avait plus, et quelques personnes dégustaient les dernières saucisses assises sur les bancs.
Comme le soleil nous caressait délicieusement, l'endroit étant assez verdoyant, un envie de farniente me prit alors ( et un sentiment de digestion indispensable )
Je me suis donc allongé sous la grande tente, grande ouverte d'une taille pour au moins quarante roupilleurs ; il n'y en avaient de quatre ou cinq couchés sous des couvertures.
Une couverture par dessous pour rendre plus douillet mon couchage, une autre par dessus, et me voilà parti pour une somnolence d'une heure.

la suite de ce récit ...